Jeudi de l'UNIFA » De la Dessalinienne à un État de droit !

De la Dessalinienne à un État de droit !

Ce 19 octobre 2023 marque le lancement, à l’Université de la Fondation Dr Aristide, des « jeudi de l’UNIFA » pour l’année académique 2023-2024. Intitulée « De la Dessalinienne à un État de droit », cette première conférence a rassemblé un auditoire passionné et diversifié afin d’explorer cette société égalitaire prônée par l’Empereur Jean-Jacques Dessalines. Elle a été l’occasion de revenir sur l’héritage politique du Père fondateur de la nation haïtienne, et de réfléchir aux défis actuels que pose la construction d’un État de droit solide dans un pays qui a souvent été marqué par l’instabilité politique et des bouleversements sociaux.

Le panel était composé d’anciens étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FJSP). Il s’agit de Me Stephanie Denis, de Jerry Dorsaint et de Shaddaëlle Bolière. Ces trois juristes ont examiné comment l’idéal dessalinien a servi de point de départ pour la recherche d’un État de droit fort et stable.

Dans son intervention, Me Stephanie Denis a d’abord dressé le portrait de Dessalines qu’elle présente comme étant le plus grand stratège à son époque. Elle a ensuite pris le temps de définir les mots droit et État. Selon elle, sur le plan juridique le mot droit peut être défini comme « la faculté de réaliser une action, de jouir de quelque chose, comme par exemple d’avoir le droit à la santé, à l’éducation et autres, d’y prétendre et de l’exiger ». S’agissant du mot État, elle précise que « c’est l’exercice de la souveraineté par les institutions étatiques ou par les pouvoirs ».

De son côté, Shaddaëlle Bolière a exposé les fondements de l’idéal dessalinien. « Jean-Jacques Dessalines voulait faire de cette nation un pays libre où règnent la prospérité, l’égalité, la souveraineté et l’unité. Ce sont là les fondements principaux de l’idéal dessalinien. Il prône une unité nationale. Il voulait que tous les Haïtiens vivent en symbiose en Haïti », a-t-elle dit. « L’article 14 de la constitution de 1805 dispose que « Toute acception de couleur parmi les enfants d’une seule et même famille, dont le chef de l’État est le Père, devant nécessairement cesser, les Haïtiens ne seront désormais connus que sous la dénomination générique de noirs. » », a-t-elle ajouté.

Pour sa part, Jerry Dorsaint a établi le rapport entre l’idéal dessalinien et l’État de droit. D’après lui, l’État de droit est défini comme étant un système institutionnel à travers lequel la puissance publique, c’est-à-dire l’État lui-même, est soumise au droit. Un tel système suppose l’égalité de tous les sujets de droit devant les normes juridiques et l’existence de juridiction indépendante. Pour l’étudiant en droit, la constitution de 1805 tenait compte de ce principe et prônait l’égalité de tous les Haïtiens à travers l’article 4 stipulant que « La loi est une pour tous ». Les articles 9, 15, 17, 21 et 24, selon Dorsaint, permettent également de constater l’implantation de l’État de droit à l’époque de Dessalines.

Ce premier jeudi de l’UNIFA a été un forum dynamique et informatif ayant offert un aperçu fascinant de l’histoire politique d’Haïti, de son héritage révolutionnaire à ses défis contemporains pour établir un État de droit. Au fil des discussions, les participants ont exploré en profondeur la manière dont les idéaux de Dessalines continuent de résonner dans la conscience politique haïtienne.

Cette conférence nous laisse avec une compréhension plus profonde de l’histoire politique complexe d’Haïti et un appel à l’action pour l’avenir. Elle invite l’auditoire à réfléchir à la manière dont le pays peut continuer à avancer vers un État de droit tout en honorant son passé révolutionnaire. Il est clair que l’esprit de Dessalines perdure, offrant une inspiration continue pour poursuivre la construction d’un État de droit en Haïti. Le chemin vers un État de droit ne se fait pas en un jour, mais chaque petit pas compte.

 

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