Coupures intempestives de bois, exploitation abusive des carrières de roche et de sable, mauvaise gestion des détritus, tous ces facteurs contribuent à cette véritable débâcle écologique que confronte aujourd’hui la communauté haïtienne. L’indifférence citoyenne devant ce fléau, a pour conséquences des montagnes dénudées, l’érosion, des alluvions en période pluvieuse… Sommes-nous imbus de l’étendue du problème ? Y-aurait-il une solution optimale pour faire face à ce spectre apocalyptique qui nous guette ?
L’Ambassadeur Anthony Dessources, l’invité du jeudi de l’UNIFA du 7 décembre à l’auditorium du campus, a abordé ce sujet si sensible et déterminant pour la survie de toute une nation.
C’est autour du thème « La situation catastrophique de l’environnement en Haïti, un défi majeur à relever pour s’assurer de l’avenir de la nation haïtienne » que s’est déroulé hier, à l’auditorium du campus, le premier « jeudi de l’UNIFA » du mois de décembre 2023. Présentée par l’Ambassadeur Anthony Dessources, cette conférence a exposé les problèmes de notre environnement, leurs conséquences et les mesures à adopter pour sortir de cette débâcle écologique
Dans son exposé, l’Ingénieur-agronome Dessources a commencé par définir l’environnement comme étant tout ce qui entoure l’homme. Il a ensuite entrepris une rétrospective de la dégradation de l’environnement en Haïti, soulignant que, lors de l’arrivée de Christophe Colomb, l’île jouissait d’une couverture forestière estimée à 80%. Cependant, cette abondance a été rapidement altérée par la déforestation, initiée timidement par les Espagnols, mais amplifiée par les colons français à la fin du 17ème siècle pour l’expansion de la culture de la canne à sucre et du café.
L’ancien membre du cabinet du Président Jean Bertrand Aristide a exposé avec perspicacité les défis actuels auxquels Haïti est confrontée sur le plan environnemental. Il a révélé que la couverture végétale du pays est maintenant réduite à 1,4%, une chute vertigineuse depuis l’époque de Christophe Colomb. De plus, la déforestation intensive a entraîné une perte de 40 millions de tonnes métriques de sol arable, alimentant ainsi l’érosion.
Les problèmes contemporains incluent une gestion inefficace des déchets solides, avec une production quotidienne de 6 600 tonnes de déchets en Haïti. « Cette incapacité a collecté les déchets a conduit certaines populations pour s’en débarrasser à y mettre le feu, une pratique naturellement nocive pour la santé », a-t-il indiqué. La dégradation rapide des ressources en eau a également été soulignée comme une menace sérieuse.
La cause principale de la faible couverture forestière du territoire haïtien, selon l’Ambassadeur, est la coupe effrénée des arbres pour la production de bois de chauffage, pour la cuisson, la blanchisserie, la boulangerie, la distillerie, etc. « Le charbon de bois est le combustible le plus utilisé par les ménages haïtiens. La production du charbon de bois représente 72% des besoins énergétiques du pays », a-t-il dévoilé.
Les conséquences de la faible couverture forestière ont été clairement exposées par le conférencier, mettant en lumière l’érosion des sols, la diminution du débit des principaux cours d’eau, le faible approvisionnement en eau des populations, la baisse du rendement des cultures agricoles et du revenu des agriculteurs, et la disparition de certaines espèces animales et végétales.
Cependant, Agr. Dessources a conclu son exposé en proposant des solutions constructives pour améliorer la situation environnementale en Haïti. Il a souligné l’importance de l’éducation environnementale, de l’adoption de pratiques durables, de l’implication du secteur privé des affaires et de l’investissement dans l’humain. Il a plaidé pour une gestion responsable des ressources naturelles, la reforestation, et la mise en œuvre de politiques environnementales rigoureuses pour inverser la tendance alarmante.
Somme toute, cette conférence a mis en lumière la gravité de la situation environnementale en Haïti et a appelé à une action immédiate. Ses propositions réfléchies ouvrent la voie à une réflexion collective sur la façon de préserver l’avenir de la nation haïtienne face à ces défis environnementaux cruciaux.