Cérémonies de Collation de Diplômes » Discours du Président de l’UNIFA, le Dr Jean-Bertrand ARISTIDE, à l’occasion de la cérémonie de collation de diplômes, le dimanche 3 mars 2024

Discours du Président de l’UNIFA, le Dr Jean-Bertrand ARISTIDE, à l’occasion de la cérémonie de collation de diplômes, le dimanche 3 mars 2024

Distingués Membres du Conseil d’Administration de l’UNIFA,
Distingués Membres du Rectorat, des Décanats et du Corps professoral,
Distingués Membres de la Direction de notre Hôpital Universitaire,
Distingués musiciens de l’Orchestre philharmonique Sainte Trinité,
Très chers amis du 11me Département,
Distingués invités, chers parents,
Très chers Récipiendaires, très chers Unifaristes,
Chers amis de la presse,
Mesdames, Messieurs,
Comme les premières notes d’une symphonie inédite, la voix de Minouche et la mienne
résonnent mélodieusement pour vous saluer et vous souhaiter une cordiale bienvenue à notre
6me cérémonie de graduation.
Pour rester en orbite autour du soleil, la terre a besoin de la force de gravité. De même, pour
rester en orbite autour du soleil de l’éducation, UNIFA a besoin de vous, chers professeurs,
parents et invités, car vous êtes sa force gravitationnelle. Célébrons cette attraction mutuelle par
un applaudissement qui jaillit du cœur. Merci, merci d’avoir répondu à notre invitation!
Un salut cordial à nos 4372 étudiants des Facultés de Médecine, Sciences Infirmières,
Odontologie, Sciences de Réhabilitation, Pharmacie et Sciences Biomédicales, Sciences
Juridiques et Politiques, Génie et Architecture, Sciences Economiques et Administratives,
Sciences de la Nature et de l’Agriculture, Education Permanente.
Chers Unifaristes,
Quand la reconnaissance sculpte des mercis sincères, le cœur les invite à esquisser des pas de
dance à la graduation. Et cette chorégraphie spéciale évoque le nom d’une personne spéciale qui
ne peut être que toi, chère Minouche. Chaque jour, ta contribution illumine la beauté
resplendissante de l’UNIFA. Chaque année, nos cœurs t’offrent les mêmes roses de gratitude que
tu adores recevoir de Christine et Michaëlle. Merci, merci infiniment ! Que ces salves
d’applaudissements retentissent au chœur de ton cœur !
Distingués Membres du Conseil,
Le 12 Août 2023, à l’unanimité, vous aviez adopté une résolution stipulant que : « Au
Campus, l’étudiant-e malade sera immédiatement pris-e en charge par notre Hôpital. Il-elle ne
paiera ni les frais d’hospitalisation, ni les honoraires des médecins. De plus, cette assurance
médicale offre une couverture à hauteur de 200% de la cotisation annuelle.» Puisqu’il s’agit de 200%, vous constaterez que ce matin, la température de notre gratitude est évaluée à 200% de sa
chaleur maximale. Donc, votre générosité embrase les cœurs et attise la flamme de bienveillance.
Voilà pourquoi nos cœurs et nos mains vibrent non à 100% mais à 200%. Merci et Bravo à
vous !
Distingués invités,
Quand je rencontre les représentants des classes pour l’évaluation de l’année académique, c’est
fascinant d’écouter les étudiants exprimer respect et admiration pour leurs professeurs. On aurait
cru que des électrodes de gratitude seraient implantées au cerveau des Unifaristes. Loin de là.
Pa gen sekrè nan fè kola, men, men
Gen sekrè nan fè kola edukasyon.
A l’instar des neurochirurgiens qui utilisent les méthodes stéréotaxiques pour cibler des régions
spécifiques du cerveau, nos éminents professeurs utilisent la méthode didactique qui éveille
l’esprit critique et le potentiel cognitif. A tout Seigneur, tout honneur ! A vous donc, distingués
Membres du Rectorat, des Décanats, du Corps professoral et Conseillers juridiques, merci et
bravo, bravo !
Mèsi nou rezève pou paran n yo,
Se yon mèsi nou ekri ak kreyon
Ki gen min dyaman ; dayè depi
Gen gradyasyon tout kreyon sa yo
Tounen kreyon sousi pou pitit fi
Fè sousi manmi ; konsa papi gen
Mwens sousi pou peye kòb lekòl.
Pou lanmou ak tout sakrifis paran n yo
Fè pou nou, nou pral kòmanse ekri mèsi
Depi nan premye paj kaye rekonesans la
Jis nou rive san pran souf nan dènye paj la.
An natandan, ann depoze kreyon n yo pou n
Ofri paran n yo yon aplodisman an dyaman.

Chers Récipiendaires,
Au moment où à Port-au-Prince se multiplient les symptômes d’anhédonie, c’est-à-dire une
diminution ou absence de plaisir, nous réservons ce matin une place d’honneur à la dopamine ou
hormone du plaisir. Parlerons-nous donc des neurosciences avec plaisir.
Au cours de votre cycle d’étude, chaque pas franchi, chaque succès, chaque connaissance
acquise est célébré par une libération de dopamine, favorisant ainsi le renforcement des
connexions neuronales associées à l’apprentissage.
Le plaisir est une composante essentielle de la vie humaine. Les scientifiques James Olds et Peter
Milner l’ont bien compris. En 1954, ces chercheurs en neurosciences ont découvert la base biologique du plaisir. Comment avaient-ils procédé ? Le cerveau du rat, en voici un, a souvent
été utilisé pour nous conduire à la source neuronale du plaisir.
En effet, après une petite incision et l’ouverture du crâne, ces deux scientifiques avaient implanté
des électrodes dans des zones spécifiques du cerveau des rats. Ils pouvaient choisir, par exemple
une aire de l’hémisphère droit ou gauche, du tronc cérébral ou du cervelet. Rappelons que ce
cerveau du rat que vous voyez entre mes mains partage des similitudes avec celui des humains.
Le cerveau de la souris, en volume, est 7500 fois plus petit que le nôtre.
Placés dans une cage après l’implantation d’électrodes intracrânienne, ces rats de laboratoire y
trouvaient des dispositifs incluant deux pédales dont l’une permettait d’avoir accès à la
nourriture. Si par contre le rat appuyait sur l’autre pédale, il recevait une décharge ou simulation
électrique qui lui procurait un plaisir immense. Certains rats appuyaient continuellement sur la
pédale du plaisir.
Donc, entre nourriture et plaisir, qu’avaient-ils choisi ? Le plaisir, bien évidemment. Mais,
pourquoi ? Parce que les électrodes étaient placés dans une zone spécifique de leur cerveau
appelée : circuit du plaisir et de récompense. Ceci inclut, entre autre, l’aire tegmentale ventrale et
le noyau accumbens.
Pour être plus clair, chers Récipiendaires, voici votre diplôme. La joie de le voir ou de le recevoir
active les neurones de la voie dopaminergique. Cette activation se produit ici, dans l’aire
tegmentale ventrale. Cette région est située dans le mésencéphale, une partie du tronc cérébral.
Puis, nous observons la conduction de la dopamine vers le nucleus accumbens. Précision ! Ce
noyau qu’on appelle accumbens est localisé dans le striatum ventral, à la base du cerveau, non
loin du centre cérébral, juste au-dessus du chiasma optique. Il joue un rôle crucial dans la
régulation du plaisir. La sensation de joie et de fierté que vous éprouvez ce matin est en étroite
corrélation avec ce circuit de récompense.
Plezi fè bèl foto nan gradyasyon
Se plezi ki chaje batri memwa w
Nan priz kouran enèji dopamin.
Kidonk alavni bèl foto sa yo pral
Fè dopamnin nan remonte pou fè w
Reviv plezi gradyasyon an ankò.
Plezi etidye pou gradye nan UNIFA
Se plezi ki dous tankou mizik Zafèm.
Plezi koute dyaman nan bidonvil,
Se yon plezi ki bay zèl avyon pou
Vi n admire dyaman nan UNIFA.

Se avèk plezi nou koute Zafèm
Kap chante pou mande : Ki lè
Rat kay ap sispann manje pay kay ?
Nou ka ajoute ki lè rat mòde soufle
Ap sispann mouye n pou vale n ?
Repons la enpòtan pou avni jenès la.
Ann chèche l anba limyè lasyans.
A ce propos, le scientifique Didier Desor a mis en lumière les interactions sociales et les
dynamiques de groupe chez les rats. Dans une cage spéciale, le chercheur a placé 6 rats qui
étaient obligés de nager pour aller chercher des croquettes et revenir à leur « salle à manger »
pour se nourrir.
Ces 6 rats savaient parfaitement nager, mais 3 d’entre eux refusaient catégoriquement d’aller
chercher de la nourriture. Constituant un trio d’exploiteurs, ils établissaient leur puissance en
volant continuellement les croquettes transportées par deux des trois rats plongeurs.
De fait, l’un des plongeurs a fait 6 voyages et toutes ses croquettes ont été volées. Un autre
plongeur a fait 10 voyages et le même sort lui a été réservé. Ces victimes étaient contraintes de
nourrir le trio de rongeurs exploiteurs avant de manger le fruit de leur labeur.
Chers Récipiendaires,
Voici l’une des leçons à retenir. Cette stratification sociale a été observée chaque fois qu’un
nouveau groupe de 6 rats était placé dans cette cage spéciale. En d’autres termes, cette
stratification sociale chez les rats nous renvoie aux strates sociales et structurelles du système
colonial.
Le cerveau du rat représente environ 0,1 à 0,5 % du poids de son corps. Bien que le cerveau du
colon représente 2 à 3 % du poids de son corps, ses crimes odieux n’ont pas démontré la
supériorité de son intelligence par rapport au potentiel cognitif du rat.
Pendant quatre siècles environ, les colons ont imposé le système esclavagiste caractérisé par des
atrocités monstrueuses et l’exploitation de plus de 13 millions d’Africains. Les peuples
autochtones des Amériques et des Caraïbes ont été décimés par la colonisation. Assoiffés de
richesse et de pouvoir, les colons ont utilisé la barbarie pour priver les victimes de leurs droits
fondamentaux et de leur dignité.
Ces quatre siècles ensanglantées de notre histoire ont laissé des cicatrices profondes et
indélébiles. Malheureusement, en utilisant les esclaves domestiques, le néocolonialisme
maintient ces structures d’exploitation qui affectent inévitablement l’avenir d’Haïti et le vécu des
peuples opprimés à travers le monde. Que de rêves brisés par l’esclavage moderne ! Que de vies
humaines sacrifiées ici ou à Gaza et en Afrique! Que de frontières visibles érigées entre nous par
les bandits à cravate !

Soti Taba pou travèse Karade, se
Soti yon je louvri, yon je fèmen.
Mòd ensekirite programme sa a
Raple n peryòd Jan Batis Karade
Tap fè krim sou krim nan zòn isit la
Ki malerezman toujou pote non l.
An 1750, plezi Jan Batis Karade se te
Bouyi esklav tou vivan nan chodyè siwo.
Si plezi pa l se te pote lamyòl nan fè mal.
Plezi esklav ki pat esklav mantal yo se te
Kouri dèyè ni Karade ni komisè Galbo ki,
te oblije bay lòd pou 10.000 kolon pati
Kite peyi a prese prese e se pou sa nou di :
Plezi fè mal se plezi rat ki renmen ratyè.
Nan pran plezi fè mal, Karade fini mal.
Nou menm ki renmen edikasyon,
Plezi pa n se gradyasyon etidyan
Ki aprann fè byen sou ban lekòl
Pou yal fè byen nan lekòl lavi a.
Ou menm kap resevwa diplòm jodia,
Nou tout ki soti nan zantray UNIFA,
Plezi pa n se kontinye fè byen paske:
Fè byen fè moun debyen viv pi byen,
Fè byen fè moun debyen santi l byen.
La cohésion sociale est bénéfique à l’ordre professionnel. Comme vous le savez, chers
Récipiendaires, chaque ordre professionnel a un code de déontologie. Il vous incombe à tous la
responsabilité de veiller au respect des principes d’éthique et de probité indispensables à
l’exercice de la profession.
Je sais que vous, médecins, dentistes, infirmières, physiothérapeutes, avocats, ingénieurs,
architectes, économistes, gestionnaires, comptables et agronomes unifaristes, je sais que vous
souhaitez tous être des références d’intégrité et de professionnalisme pour votre communauté.
Votre détermination à préserver l’honneur de votre profession est une source d’inspiration et
d’admiration. J’admire la détermination de nos 389 Récipiendaires. Oui, en vérité, je vous
admire.
Prete m men nou, pou m aplodi nou !
Bèl gradyasyon n yo fè m santi m byen.
Pafwa, pou fè yon moun santi li byen,
Yon bèl bèl ti blag sou Toto konn sifi.
Et voilà, notre cher Toto avait un rat domestique. Voulant démontrer qu’il connaissant bien les
rats de laboratoire, il invita un professeur à lui poser des questions à ce sujet.
Le prof demanda à Toto, comment s’appelle un rat sans queue ?
Toto répondit : Un rat sans queue est un raccourci.
Dans ce cas, dit le prof., comment appelle-t-on les rats qui ont une queue ?
Toto répondit : Un rat qui a une queue est un raquetteur.
Yon jou, rat la tonbe malad
E, Toto mennen l kay doktè.
Doktè a di Toto rat la soufri
Yon maladi yo rele sténose.
Li kontinye pou eksplike kijan
Ni sèvo moun ni sèvo rat gen
Kat ti pòch dlo yo rele vantrikil.
Bò goch sèvo a gen yon vantrikil,
Bò dwat la gen yon dezyèm, e
Twazyèm nan chita pi dèyè tèt la
Alòske katriyèm nan pi dèyè toujou.
Kanal ki konekte 2e ak 3e vantrikil la
Savan yo rele l ‘Arqueduc de Sylvius.’
Lè kanal sa a twò etwa, maladi a rele
‘Sténose’ e solisyon an se debouche l.
Toto tèlman gen sou li, li di doktè a :
A, maladi sa pa maladi doktè; babay !
Tou pre a, bò mache a gen yon bouche,
M pral wè l e l ap debouche l nan non
Moun Wanament kap debouche kanal.
A a,a, Toto manyen yon venn ki sansib !
Eske kanal Wanament la te bouche ? Wi ? Non ?
Ki ès ki te kanpe pou debouche l ? Leta ou Pèp la ?
Anvan 1804, eske kanal libète a te bouche ? Wi ? Non ?
Ki ès ki te kanpe pou debouche l ? Kolon yo ou Esklav yo ?
Jodia, eske kanal sekirite a bouche ? Wi ? Non ?
Ki ès ki dwe kanpe pou debouche l ? Rat kay ou pitit kay ?
Si se rat kay, chita ; si se piti kay, kanpe pou n aplodi yo.
La a, nou anfas 2 kalite fòs : fòs byen avèk fòs mal
Sonje, esklav domestik yo gen kat blanch pou fouye
Fòs mal la fon fon anba pye inosan ki oblije kite kay,
Kouri pou lapli rafal bal, tonbe nan larivyè lavi chè ;
Inosan kap peye pou koupab petrokaribe, lajan CIRH
Dola 50, konplo kidnaping ak ensekirite ki pwograme
POU RIVE FIN PRAN AYITI NAN MEN AYISYEN.
Sonje tou, fòs byen an, se gwo gwo fòs ki te bay
Sewòm patriyotik pou akouchman 1erJanvye 1804.
Fòs byen an, se fòs tout Ayisyen ki renmen Ayiti.
Jan nou wè l, ni kanal politik ni kanal ekonomik,
TOUT BOUCHE BYEN BOUCHE AK FATRA
KONTRA SOSYAL KOUDETA 29 FEV 2004 la.
Sèl fòs ki ka debouche yo se fòs Pèp Ayisyen an.
Lawouze fè banda toutan solèy Pèp la poko leve.
Jou sa a, a, avyon delivrans Papa Desalin nan
Ap resi vin ateri nan ayewopò Tousen Louvètu.
Le génie de la race, Toussaint Louverture avait bien compris que la défense du peuple souverain
est un devoir sacré. Le pouvoir émane du peuple. Quand nos lèvres entonnent la Dessalinienne,
nos oreilles doivent être toujours à l’écoute du Souverain.

Chers Récipiendaires,
La cérémonie de remise des diplômes, transcendant les frontières de fin d’étude, symbolise
l’apothéose d’un bon voyage. Ce matin, votre voyage s’achèvera avec ces mots d’une hôtesse de
l’air imaginaire. Micro en main, elle s’adresse à vous :
« Mesdames et Messieurs, nous vous annonçons que nous venons d’atterrir à l’aéroport des
Unifaristes. Veuillez laisser vos ceintures de graduation attachées jusqu’à l’arrêt complet de
l’avion. Votre équipage vous remercie d’avoir choisi la compagnie Alma Mater pour ce voyage
académique. Nous espérons vous revoir bientôt à bord et nous vous souhaitons un bon séjour à
l’ombre des Récipiendaires. »
Et maintenant, avec élégance, elle se dirige vers l’équipage. Vous aussi, avec élégance et
humour, l’humour thérapeutique, veuillez détacher vos ceintures de graduation pour que
s’ouvrent les ailes de vos rêves.
Quand les médecins, dentistes, infirmières, physiothérapeutes,
contribuent à promouvoir la santé des malades,
Quand les juristes luttent contre les injustices et les inégalités sociales,
Quand les économistes ouvrent la voie à l’économie solidaire,
Quand les agronomes dynamisent la production nationale,
Alors, alors, notre génie collectif redonnera vie à cette terre.
Nous, dignes fils et filles d’Haïti, devons être des constructeurs de pont d’amour et les
architectes de la nouvelle Haïti. Comme une constellation d’étoiles brillantes, que la jeunesse
haïtienne et les Unifaristes offrent une galaxie d’espoir à notre chère Haïti.
En conclusion, chers Récipiendaires,
Si les nouvelles puces cérébrales effacent la frontière entre rêve et réalité,
votre Alma Mater efface la frontière entre vos cœurs et son cœur :
vous êtes le myocarde, c’est à dire le muscle le plus puissant de son cœur.
Heureuse d’ouvrir les portes de son cœur et celles de votre hôpital universitaire 24 heures sur
24, votre Alma Mater vous embrasse à la source neuronale du bonheur. Que la dopamine,
hormone du plaisir et la sérotonine, hormone du bonheur vous accompagnent tout au long de
votre carrière ! Unifariste un jour, Unifariste toujours !
A vous tous que j’aime beaucoup,
Succès ! Bonheur ! Et beaucoup d’Amour !
Merci

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