Devant un jury composé de Raoul Arnold Théogène (lecteur critique), Mike Kervin Joseph (directeur de mémoire) et Wando Saint-Villier (président), l’étudiante en Sciences juridiques à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de la Fondation Dr Aristide, Lara Erlyne Narcisse, a brillamment soutenu, ce vendredi 9 mai, son mémoire, obtenant ainsi le grade de Licenciée en droit.
Son travail, intitulé « Effets de la surpopulation carcérale au regard de l’effectivité du droit à la santé des détenus en Haïti : cas de la prison civile de Port-au-Prince de 2017-2022 », s’attaque à une problématique brûlante et souvent négligée : l’impact des conditions de détention sur la santé des détenus.
« La surpopulation carcérale est une problématique pénale majeure qui affecte notre système pénitentiaire », a expliqué l’étudiante, précisant que cette situation compromet gravement plusieurs droits fondamentaux des détenus, notamment leur droit à la santé. Sa réflexion l’a conduite à questionner l’effectivité de ce droit dans la réalité des prisons haïtiennes, avec un focus particulier sur l’application concrète des normes juridiques en vigueur.
Sa question de recherche, claire et incisive, était formulée ainsi : « En quoi la surpopulation carcérale implique-t-elle un déséquilibre entre l’application des instruments juridiques nationaux et internationaux de protection du droit à la santé des détenus et la pratique pénitentiaire haïtienne ? » À cette question, elle a apporté une réponse nuancée : « Le déséquilibre entre l’application du cadre normatif national et international de protection du droit à la santé des détenus et la pratique carcérale haitienne découlent de la dégradation des conditions de détention sous l’effet de la surpopulation carcérale en ce qu’elle participe à l’ineffectivité du droit à la santé. »
Pour mener à bien cette étude, Lara a opté pour une approche qualitative, s’appuyant sur le positivisme juridique et la recherche documentaire. Elle avait initialement prévu d’enrichir son analyse par des entretiens semi-directifs avec les responsables de la prison civile de Port-au-Prince, mais l’attaque survenue en mars 2023 contre l’établissement a empêché la réalisation de cette étape.
Son analyse met en lumière la réalité alarmante des prisons haïtiennes : des conditions de vie délétères qui rendent quasiment inapplicables les normes visant à garantir la santé des détenus. Elle pointe du doigt la vulnérabilité extrême de la population pénale, prise en étau entre un environnement physique insalubre — véritable facteur de risque sanitaire — et des comportements individuels à risque, exacerbés par les conditions d’incarcération.
En guise de pistes de solution, l’impétrante propose une réforme ambitieuse : combattre la surpopulation carcérale en développant des alternatives à la détention préventive, et implanter une véritable politique de santé publique au sein des prisons.
Par ce mémoire, Lara espère attirer l’attention des décideurs sur l’urgence d’agir pour améliorer la situation sanitaire dans les établissements pénitentiaires du pays, afin que le droit à la santé des détenus cesse d’être une illusion.
Avec cette soutenance saluée par ses pairs et son jury, elle se distingue par la pertinence d’un travail qui met en lumière un enjeu trop souvent relégué au second plan dans le débat public haïtien.