Jeudi de l'UNIFA » Réhabilitation et handicap : l’UNIFA met en lumière un enjeu majeur pour Haïti

Réhabilitation et handicap : l’UNIFA met en lumière un enjeu majeur pour Haïti

L’Université de la Fondation Dr Aristide a consacré son « jeudi de l’UNIFA » du 4 décembre 2025 à un sujet crucial : « L’importance de la réhabilitation dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap ». Deux spécialistes de haut niveau ont partagé leurs réflexions au cours de cette conférence. Il s’agit du Dr Handel Petit, Orthopédiste et Responsable l’Unité de Réhabilitation de l’Hôpital Universitaire Dr Aristide, et de Mme Thamar Michel, Physiothérapeute et Directrice de la Faculté des Sciences de Réhabilitation (FSR).

Le handicap, une réalité accentuée par les catastrophes

D’entrée de jeu, Mme Michel a rappelé que le handicap est considéré comme « toute limitation d’activités ou restriction de participation à la vie en société, subie dans son environnement par une personne, en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou de plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, ou encore d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ». Un phénomène loin d’être marginal : 15 % de la population mondiale vit avec une forme de handicap.

En Haïti, cette réalité a pris une ampleur dramatique depuis le séisme de 2010, qui a laissé derrière lui des milliers de blessés, de traumatismes et d’amputations. Aujourd’hui, les chiffres font état d’environ un million de personnes handicapées dans le pays. Le séisme du 14 août 2021 a aggravé la situation, ajoutant 54 000 nouveaux cas dans le Grand Sud.

La réhabilitation : un outil puissant pour restaurer l’autonomie

Pour Mme Michel, la réhabilitation n’est pas seulement un traitement : c’est un processus global visant à permettre à la personne handicapée ou blessée de retrouver un fonctionnement optimal. Qu’il s’agisse de restaurer des capacités, de prévenir des complications ou de ralentir une détérioration, l’objectif reste le même : remettre la personne au centre et lui redonner du pouvoir d’agir.

«La réhabilitation place la personne au centre et l’aide à développer pleinement son potentiel et à participer à la société. Elle a des effets non seulement sur les individus, mais aussi sur leurs familles, leurs communautés et sur leurs économies», a-t-elle souligné.

Physiothérapie : une discipline en plein essor en Haïti

La physiothérapie, définie comme l’art et la science du traitement par l’exercice, la chaleur, le massage ou encore l’électricité, s’est imposée comme un champ indispensable, surtout après 2010. Haïti compte aujourd’hui :l’Ecole de Physiothétapie de Léogâne et la Faculté des Sciences de Réhabilitation de l’UNIFA. Cette dernière totalise déjà sept promotions diplômées.

Chirurgie et réhabilitation : un duo indissociable

Prenant la parole, le Dr Handel Petit a rappelé que la prise en charge des fractures — qu’elles soient simples ou complexes — repose sur deux options : le traitement conservateur ou la chirurgie. Mais il a tenu à nuancer :«Une chirurgie réussie, c’est seulement 30 % du travail. Les 70 % restants dépendent de la physiothérapie».

Autrement dit, sans réhabilitation, un patient opéré ne retrouve pas sa fonctionnalité. D’où la nécessité d’une approche multidisciplinaire et d’un plan de réhabilitation personnalisé, élaboré conjointement par l’orthopédiste et le physiothérapeute.

Un message fort : investir dans la réhabilitation, c’est investir dans l’avenir

Cette édition du « jeudi de l’UNIFA » rappelle que la réhabilitation n’est pas un luxe, mais un besoin essentiel, particulièrement dans un pays où les catastrophes naturelles ont profondément marqué les corps et les vies. Orthopédistes et physiothérapeutes, plus que jamais, représentent un maillon vital pour aider les personnes en situation de handicap à retrouver autonomie, dignité et participation sociale.

 

 

 

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