C’est autour du sujet « L’appréhension de la violence conjugale par le Droit haïtien » que l’étudiante en sciences juridiques à l’Université de la Fondation Dr Aristide, Shedna CAMBLARD, a soutenu ce vendredi 27 juin 2025 son mémoire de fin d’études. À travers ce travail, elle a livré une analyse lucide et engagée des limites du système juridique haïtien face à un fléau qui touche de nombreuses femmes en silence : les violences conjugales.
Dès l’introduction, la jeune juriste a rappelé que les droits des femmes en Haïti restent précaires, bien que le pays se soit engagé sur le plan international à lutter contre toutes formes de discriminations basées sur le genre. Or, constate-t-elle, entre les textes ratifiés et la réalité du terrain, un gouffre persiste. Selon elle, l’État haïtien, par sa passivité ou son inaction, contribue indirectement à la perpétuation de ces violences.
Sa question de recherche est sans détour : « Comment la législation haïtienne et les institutions étatiques contribuent-elles à maintenir un climat de perpétuation des violences conjugales et de violation des droits des femmes ? » À cette question, Shedna propose une hypothèse forte : « La récurrence de la violence conjugale est favorisée par la faiblesse législative et l’inefficacité des institutions de protection des droits humains. »
Adoptant une approche qualitative et un plan binaire articulé autour du problème et des solutions, elle explore d’abord les failles de la législation nationale. De la Constitution au Code pénal, en passant par le Code civil et le Code du travail, l’étudiante dresse un tableau critique d’un arsenal juridique peu protecteur, voire obsolète, face aux réalités de la violence domestique. Elle élargit également son analyse en comparant la situation d’Haïti à celle de pays comme la France ou le Royaume-Uni, où la violence conjugale est reconnue comme une infraction clairement définie, avec des dispositifs de prévention et de sanction.
Dans la seconde partie de son mémoire, Shedna se penche sur l’efficacité des institutions. Elle passe en revue les institutions étatiques et les organisations féministes engagées dans la lutte pour le respect des droits des femmes face aux violences conjugales. Pour approfondir son analyse, elle s’est appuyée sur des entretiens semi-directifs menés auprès de 200 femmes vivant à Pétion-Ville et à Kenscoff. Ces témoignages mettent en évidence l’impuissance des victimes face à un système défaillant et le manque cruel d’accompagnement institutionnel.
En conclusion, l’étudiante formule des pistes de solutions concrètes en vue d’une meilleure prise en charge des victimes et d’une refonte des mécanismes de prévention et de répression.
En mettant ainsi en lumière les lacunes du Droit haïtien et des structures de l’État, Shedna CAMBLARD interpelle autant les décideurs que la société toute entière. Son mémoire sonne comme un appel à l’action dans un pays où, trop souvent, la douleur des femmes reste confinée au silence des foyers.