Jovanie Louis, étudiante à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de la Fondation Dr Aristide, a soutenu avec succès, ce vendredi 13 décembre, son mémoire de sortie pour l’obtention du grade de Licenciée en Sciences juridiques. Le jury, composé de Me Joselaine Mangnan (Présidente), Dr Fritz Lucien Maurepas (Lecteur critique), et Me Elysée Jean Chadick (Directeur de mémoire), a salué la pertinence de son travail intitulé « Le droit de l’enfant en famille d’accueil : une analyse juridique de l’exercice du droit à l’éducation en Haïti de 2013 à 2021 ».
Cette étude audacieuse explore un sujet souvent négligé par la recherche juridique en Haïti : la protection et l’éducation des enfants placés en famille d’accueil. Inspirée par des tragédies marquantes, telles que le scandale de traite de mineures à Kaliko Beach et l’incendie mortel d’un orphelinat à Kenscoff, Jovanie a centré son analyse sur les obstacles qui empêchent ces enfants de jouir pleinement de leur droit à l’éducation.
Les résultats de cette recherche sont édifiants. Dans les familles d’accueil examinées, les enfants biologiques bénéficient d’un accès nettement supérieur à l’éducation par rapport aux enfants placés. Une disparité qui, selon Jovanie, s’explique par des conditions économiques, sociales et affectives précaires. Environ 53 % des enfants en famille d’accueil n’atteignent pas le niveau secondaire à l’âge de 15 ans. 77 % d’entre eux sont de sexe féminin et se trouvent confinés à des tâches domestiques, en violation des dispositions clés de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Les travaux de l’étudiante révèlent également que ces enfants sont privés de leur temps libre, souvent consacré à des corvées au détriment d’activités éducatives. Ces pratiques mettent en évidence les limites du cadre légal et institutionnel qui régit les familles d’accueil en Haïti.
Pour remédier à cette situation, Jovanie Louis propose des solutions ambitieuses, notamment l’adoption d’un code de la famille, comme prévu à l’article 262 de la Constitution haïtienne. Ce code, selon elle, offrirait une base légale solide pour protéger les droits des enfants en famille d’accueil et établir des mesures concrètes, telles qu’un programme national d’assistance publique à l’enfance, des allocations pour les familles d’accueil, et un mécanisme de suivi de la scolarité et du bien-être des enfants.
Son mémoire constitue un plaidoyer pour une réforme profonde du système, visant à garantir à chaque enfant placé en famille d’accueil des conditions propices à son épanouissement intellectuel, affectif et physique.
Avec ce travail, Jovanie Louis éclaire une zone d’ombre du droit haïtien, mettant en avant l’urgence d’agir pour le respect des droits fondamentaux des enfants les plus vulnérables. Une contribution remarquable qui, espérons-le, saura influencer les décideurs et inspirer d’autres recherches sur le sujet.